SECTION 5

Prévention, protection et suivi: assurer un impact durable

Vue d’ensemble

L’un des moyens de lutte les plus efficaces contre le travail des enfants consiste à observer régulièrement les lieux où de jeunes garçons et filles pourraient travailler. Le suivi du travail des enfants implique l’identification, l’orientation et la protection des enfants astreints au travail des enfants, ainsi que la prévention du phénomène par la mise en place d’un processus coordonné et multipartite de surveillance et de recours.

Le projet CLEAR Cotton a contribué à la création de nouveaux mécanismes communautaires de suivi du travail des enfants et du travail forcé dans la chaîne de valeur du coton, du textile et de l’habillement.

Le projet a également permis d’appuyer le renforcement ou la réactivation de mécanismes de suivi existants

Cette section présente quelques exemples relevés au Burkina Faso, au Mali et au Pakistan.

Aperçu des résultats

Au Pakistan, le projet a permis de renforcer les capacités de 42 mécanismes communautaires de suivi du travail des enfants déjà en place.

Au Burkina Faso, le projet a permis d’appuyer la création de 20 nouveaux mécanismes communautaires de suivi du travail des enfants, ainsi que la création de trois comités au niveau provincial.

Au Mali, le projet a permis d’appuyer la création de deux plateformes de consultation régionale et de six nouveaux mécanismes de suivi du travail des enfants.

Le suivi du travail des enfants aux niveaux des communautés, des districts et des provinces

On compte encore 160 millions d’enfants astreints au travail des enfants dans le monde, soit un enfant sur dix. La plupart d’entre eux sont engagés dans le secteur agricole, mais tous les secteurs sont concernés. C’est dans les familles que le travail des enfants est le plus largement utilisé, principalement dans les exploitations familiales ou les micro-entreprises familiales. Toutefois, le travail des enfants est omniprésent et prend de nombreuses formes différentes. Cela implique que nous ne pouvons remédier au problème que si nous agissons tous ensemble, depuis les autorités publiques jusqu’aux parents. Et la première étape consiste à recenser les cas de travail des enfants, en se rendant régulièrement dans toutes sortes de lieux où des enfants pourraient travailler.

Le suivi du travail des enfants consiste à observer attentivement les lieux de travail, à recenser les cas de travail des enfants et à orienter les enfants concernés vers les mécanismes existants, à protéger les enfants astreints au travail des enfants (par diverses initiatives) et à éviter par la sensibilisation que d’autres cas se produisent. Toutes sortes d’acteurs peuvent assurer le suivi du travail des enfants, mais il s’avère très efficace et durable lorsque les communautés locales y participent activement.

Au Pakistan, le projet CLEAR Cotton a permis d’identifier les enfants en situation ou à risque de travail des enfants dans la chaîne de valeur du coton et de les orienter vers les services appropriés, en partenariat avec l’ONG Bunyad (BLCC). Au total, 42 comités de suivi ont été créés et ces comités se sont réunis tous les trois mois. Les activités de suivi ont contribué aux interventions du projet en matière d’éducation et ont aidé à faire en sorte que tous les enfants qui ont été libérés ou protégés du travail des enfants et inscrits dans des activités éducatives ne retombent pas dans le piège du travail des enfants.

« Nos enfants passaient des journées entières dans la rue à ne rien faire ou travaillaient dans les champs de coton. C’est fini tout ça : maintenant, ils étudient dans les centres de ressources pour le travail décent dans le secteur du coton et je suis là pour veiller à ce qu’ils soient inscrits et qu’ils étudient. » 

Un membre du comité communautaire de suivi du travail des enfants et de recours à Khairpur Tamenwali

En vertu de la loi de 2015 du Sindh portant abolition du système de travail en servitude, les comités de vigilance de district (CVD) sont un mécanisme public de suivi au niveau du district pour la prévention du travail forcé. Au Pakistan, le projet a permis d’appuyer le ministère du Travail du Sindh pour l’émission de notifications officielles pour l’activation des 29 comités de vigilance de district de la province du Sindh par l’administration de district. Les notifications officielles émises en vertu de cette loi donnent aux CVD le mandat d’assurer le suivi des cas d travail forcé et de travail forcé des enfants.

Au Burkina Faso, plus de 55 pour cent des enfants âgés de 5 à 17 ans vivant dans des zones cotonnières sont en situation de travail des enfants. Pour modifier cet état de fait, des mécanismes de suivi du travail des enfants ont été mis en place en coordination avec les activités du projet en matière d’éducation et de formation professionnelle. C’est ainsi que vingt comités communautaires de suivi du travail des enfants ont été créés en collaboration avec l’ONG Faso Action pour le Développement Communautaire (FDC), soit un comité pour chacun des vingt villages où le programme de scolarisation accélérée a été mis en œuvre.

Au niveau provincial, trois comités de suivi du travail des enfants ont été créés, qui réunissent des représentants des unions provinciales des producteurs de coton (UPPC), les directions régionales du Travail et de la Protection sociale, ainsi que des représentants des centres de formation et maîtres artisans qui reçoivent et forment des enfants qui ont été soustraits au travail des enfants et au travail forcé. En plus d’assurer le suivi régulier des cas de travail des enfants et de travail forcé dans la chaîne de valeur, ces comités accompagnent les enfants retirés du travail après leurs activités de formation professionnelle et leur installation professionnelle.

En collaboration avec l’Association No-Bièl et avec la coordination nationale des associations d’enfants et jeunes travailleurs du Burkina Faso (CN/AEJTB), 30 comités communautaires de protection de l’enfance et cinq réseaux de protection de l’enfance ont également été créés pour aider à remédier au problème du travail des enfants dans les régions bénéficiaires du projet.

Mécanismes régionaux de consultation et de suivi

Dans les régions de Sikasso et de Ségou, le projet a permis d’aider l’ONG ALPHALOG à donner aux communautés les moyens de mettre en place et de gérer deux plateformes de consultation et de coordination (une par région) sur les questions liées au travail des enfants et au travail forcé.

Les plateformes contribuent à faciliter la mise en œuvre de formations professionnelles pour les jeunes âgés de 14 à 17 ans, à assurer le suivi d’enfants placés dans des programmes d’apprentissage (le suivi technique est assuré par les directions régionales de l’emploi et de la formation professionnelle de Sikasso et de Ségou), et à sensibiliser les parents aux dangers du travail des enfants.

Au cours de la mise en œuvre du projet, la plateforme a permis de réunir 312 parties prenantes à l’occasion de 24 réunions (quatre pour chacune des six communes d’intervention) qui ont abouti à la mise en place de six mécanismes multipartites locaux pour le suivi et la prévention du travail des enfants.