SECTION 2
Donner aux parties prenantes les moyens de lutter contre le travail des enfants et le travail forcé dans les zones cotonnières
Vue d’ensemble
Dans les quatre pays, le projet a permis de renforcer les capacités des parties prenantes en matière de lutte contre le travail des enfants et le travail forcé dans les chaînes de valeur du coton, du textile et de l’habillement.
Au Pakistan, les organisations nationales d’employeurs et de travailleurs ont adapté des outils de l’OIT pour l’élimination du travail des enfants et du travail forcé, et ont lancé des activités et des programmes de formation dans le secteur de l’égrenage et de la filature du coton.
Au Pérou, les capacités du Comité national directeur et des comités régionaux pour la prévention et l’élimination du travail des enfants ont été renforcées.
Au Mali et au Burkina Faso, les fédérations de coopératives ont reçu une formation en matière de lutte contre le travail dangereux des enfants dans le secteur du coton.
Aperçu des résultats
Renforcement direct des capacités de plus de 2 000 parties prenantes – dont les ministères du Travail, les autorités publiques, les organisations nationales d’employeurs et de travailleurs, les coopératives et d’autres acteurs.
Ces parties prenantes ont maintenant les moyens de lutter activement contre le travail des enfants et le travail forcé dans le secteur du coton, d’intégrer ces enjeux dans leurs stratégies et plans d’action, et de reproduire les formations à l’intention de leurs membres.

Collaboration avec la Fédération des employeurs du Pakistan et élaboration de directives relatives au devoir de diligence à l’intention des entreprises
La Fédération des employeurs du Pakistan (EFP) a élaboré des directives relatives au devoir de diligence à l’intention de ses membres. La direction et les travailleurs ont reçu une formation sur ces directives et ont été informés des mesures prises par les entreprises pour déterminer et atténuer le risque de travail des enfants.
Dans le cadre du projet, un partenariat réussi a été établi avec l’EFP afin de renforcer les capacités de ses membres dans le secteur de l’égrenage et de la filature du coton. Le travail des enfants est difficile à combattre en raison d’une multitude de facteurs (caractère saisonnier de la production, migrations, manque de technologies, dangers sur le lieu de travail, difficultés d’accès aux écoles, services insuffisants dans les zones rurales en matière d’inspection du travail et de contrôle de l’application de la loi, et idées bien arrêtées au sujet du rôle des enfants), mais lorsque les capacités des principales parties prenantes sont renforcées, les progrès ne se font pas attendre.
Afin de renforcer les capacités de ses membres, l’EFP a mené une évaluation rapide des principes et droits fondamentaux au travail (PDFT) et des conditions de travail dans le secteur. Cette évaluation a servi de fondement à la conception de supports de formation et a orienté l’élaboration d’une stratégie sectorielle visant à toucher les unités de production hors d’atteinte, à les former concernant les droits au travail et les obligations connexes, et à promouvoir le respect des PDFT. Par la suite, l’EFP a élaboré un programme de formation sur le travail des enfants et l’a lancé au Sindh et au Punjab, atteignant ainsi plus de 600 acteurs de la chaîne de valeur de l’égrenage et de la filature.
« C’est la première fois que l’EFP intervient dans le secteur informel de l’égrenage et de la filature au Pakistan. Nous avons commencé par des recherches approfondies sur les principes et droits fondamentaux au travail appliqués au travail des enfants. Ces recherches ont abouti à l’élaboration d’un programme spécialisé de renforcement des capacités qui a permis d’atteindre 604 parties prenantes, dont 164 femmes et 440 hommes. »
M. Syed Nazar Ali, Secrétaire général, EFP
En outre, conformément à l’Outil d’orientation de l’OIT et de l’OIE sur le travail des enfants à l’intention des entreprises, au Cadre de reporting conforme aux Principes directeurs des Nations Unies, et au Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables, l’EFP a élaboré des directives sur les mécanismes de diligence raisonnable qui ont été expérimentées dans deux entreprises, puis dans dix autres, au Sindh et au Punjab.
L’EFP a adapté ces directives aux besoins des deux premières entreprises, en déterminant également les zones à risque élevé dans le processus de production des sociétés afin de définir des mesures efficaces pour la prévention et l’atténuation des risques de travail des enfants. Fort de cette réussite, le projet a permis d’aider l’EFP à concevoir un ensemble d’outils sur le devoir de diligence à l’intention de ses membres.

La défense des droits des enfants par l’éducation, les arts et les médias (SCREAM)
Les jeunes peuvent être des vecteurs de changement et le programme SCREAM vise à leur donner les moyens de se faire entendre haut et fort. Le programme SCREAM permet de sensibiliser les jeunes aux droits des enfants, en particulier au travail des enfants, pour qu’ils puissent à leur tour en parler et mobiliser leurs communautés à l’action. En définitive, le programme SCREAM cherche à faire évoluer les attitudes sociales afin de promouvoir une culture de respect pour les droits des enfants et de renforcer le mouvement mondial contre le travail des enfants.
Pour atteindre ces objectifs, des éducateurs animent le programme SCREAM à l’aide d’un coffret pédagogique comportant 14 modules basés sur les arts (théâtre, création littéraire, musique et arts visuels) et les médias. Ce coffret est complété de modules spéciaux sur des thèmes spécifiques (agriculture, conflits armés, VIH/SIDA). À travers les arts, les jeunes se donnent les moyens de transmettre leurs messages à l’ensemble de la communauté. Le programme SCREAM vise également à canaliser les énergies créatrices des enfants et des jeunes de façon positive et constructive, en favorisant l’apprentissage par les pairs.
Au Pakistan et au Mali, des formations des formateurs SCREAM ont été organisées pour faire en sorte que les mandants de l’OIT et les partenaires de premier plan aient les connaissances et les compétences voulues pour appliquer la méthode SCREAM auprès des enfants et des jeunes, en mettant l’accent sur l’élimination du travail des enfants dans l’agriculture.Au Pakistan, en partenariat avec SAFWCO (organisation coordonnatrice pour les travailleurs des entreprises agricoles et forestières du Sindh), des activités SCREAM, centrées sur le secteur agricole, ont eu lieu dans dix écoles du Sindh.
« Maintenant, je comprends le pouvoir et la finalité du ‘dessin’ et de la ‘peinture’ : ils m’aident à exprimer ce qui me plaît et me déplaît. »
Un élève après sa formation à Sanghar, au Pakistan
Grâce aux concours organisés, environ 350 étudiants ont été informés au sujet des dangers inhérent au travail des enfants et ont maintenant les moyens de sensibiliser leurs communautés. De plus, environ 2400 étudiants, enseignants et membres des communautés ont été sensibilisés.

Redynamisation des comités régionaux pour la prévention et l’élimination du travail des enfants au Pérou
Au Pérou, le Comité directeur national pour la prévention et l’élimination du travail des enfants (Comité Directivo Nacional para la Prevencion y Erradicacion del Trabajo Infantil, CPETI), présidé par le ministère du Travail, est un organe de coordination multisectorielle réunissant les partenaires sociaux et d’autres acteurs clés de la lutte contre le travail des enfants.
Au niveau régional, les comités directeurs régionaux pour la prévention et l’élimination du travail des enfants (Comité Directivo Régional Para la Prevencion y Erradicacion del Trabajo Infantil, CDRPETI), un pour chacun des 25 gouvernements régionaux, ont coordonné les actions nécessaires.
Dans le cadre d’un partenariat avec l’ONG DyA (Centro de Desarrollo y Autogestion), en partenariat avec le ministère du Travail et le projet de l’OIT « Cotton with Decent Work » les résultats suivants ont été obtenus :
- 50 membres de comités régionaux formés dans les 25 régions;
- Réactivation de dix comités régionaux;
- Adoption de plans d’action par cinq comités régionaux;
- Séances de partage des bonnes pratiques, réunissant 485 représentants du Comité national, des comités régionaux (au moins un par région), des services d’inspection du travail, d’associations et de syndicats agricoles, de syndicats et représentants de la société civile en provenance de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, de l’Équateur, du Mexique et du Pérou;
- Élaboration et lancement d’un cours virtuel sur le thème « Travail des enfants et dialogue social, en particulier dans l’agriculture,». Ce cours vise à donner aux comités régionaux et à d’autres parties prenantes les moyens de concevoir, coordonner, mettre en œuvre et suivre de manière efficace des actions visant à prévenir et éradiquer le travail des enfants. Des représentants du Comité régional de pilotage, des Directions régionales du Travail, des inspecteurs du travail, des organisations de travailleurs et de la société civile ont participé à ce cours
- Production de deux vidéos destinés à aider les comités régionaux à sensibiliser sur le travail des enfants, voir ici et ici.

Formation de producteurs en coopérative au Mali
Au Mali, le projet CLEAR Cotton a collaboré avec la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) et la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC) afin de former les producteurs de coton membres des coopératives.
La formation visait essentiellement à permettre aux formateurs d’acquérir les connaissances et les compétences voulues sur l’entreprenariat coopératif et sur le rôle des coopératives dans la lutte contre le travail des enfants. En renforçant leurs capacités, les formateurs sont désormais capables de sensibiliser la direction, le personnel et les membres des coopératives agricoles au sujet du travail des enfants. Par ailleurs, la formation leur a servi de guide pour l’élaboration et l’application d’un plan d’action qui contribuera à l’élimination du travail des enfants dans les activités des coopératives et de leurs membres, ainsi que dans leurs communautés.
“ILO support has helped raise awareness of child labour within cooperatives, thanks to the insertion of provisions in the statues and regulations of cooperatives in this regard, their translation into the Bamanan language for better accessibility, the training of women in leadership and on the fight against child labour, as well as of agents of support structures.”
Mr. Samuel Zonou, Conseiller technique à la fédération régional des coopératives de producteurs de coton, Sikasso (Mali)
Un module de formation sur la lutte contre le travail des enfants dans le secteur du coton a été adopté et intégré dans les programmes de formation de la CMDT et de la C-SCPC. Ont été formés 80 formateurs et acteurs du monde agricole de la CMDT et de la C-SCPC, marquant le lancement d’une formation de formateurs pour les institutions nationales chargées de l’appui aux coopératives opérant dans les secteurs du coton et des mines. Par ailleurs, 120 femmes employées dans deux filiales de la CMDT ont reçu une formation sur la lutte contre les pires formes de travail des enfants et sur le leadership en vue de parvenir à l’égalité entre hommes et femmes dans les coopératives dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants. La CMDT et la C-SCPC ont également établi une feuille de route pour le renforcement des coopératives dans le secteur du coton.

Formation des partenaires sociaux au Burkina Faso
Les principes et droits fondamentaux au travail (élimination du travail des enfants et du travail forcé, non-discrimination dans l’emploi, liberté syndicale et droit à la négociation collective) sont liés les uns aux autres. L’un d’entre eux ne peut être garanti que si les autres le sont également. L’objectif à atteindre – une chaîne de valeur exempte de travail des enfants et de travail forcé – ne sera pleinement réalisé que par la mobilisation des partenaires sociaux et la promotion du dialogue social.
« Le projet CLEAR Cotton s’inscrit dans la stratégie nationale de lutte contre le travail des enfants. Pour combattre le travail des enfants, les parties prenantes sont autorisées à définir leur propre stratégie. C’est là un résultat vital du projet. »
Mr. Grégoire Yameogo, coordonnateur de l’OIT, projet CLEAR Cotton au Burkina Faso
Au Burkina Faso, ont été élaborés des manuels de formation afin de renforcer les capacités des organisations d’employeurs et de travailleurs dans la lutte contre le travail des enfants et le travail forcé. Grâce à l’utilisation de ces manuels et à l’adoption d’une stratégie de « formation des formateurs » dans le cadre du projet, une équipe de formateurs a été constituée au sein des organisations d’employeurs et des syndicats.
Des formations décentralisées ont été organisées dans les régions avec l’appui des formateurs. Leur réussite tient en partie à la mobilisation de partenaires sociaux : ils se sont rendus sur place pour mobiliser directement non seulement les membres mais également les travailleurs intéressés et les responsables communautaires, à tous les niveaux de la chaîne de valeur (depuis les producteurs locaux jusqu’aux entreprises nationales).
Malgré le faible taux de syndicalisation et la présence limitée des organisations d’employeurs au niveau inférieur de la production de coton – en partie dus au contexte d’informalité – ils ont pu intéresser de nouveaux publics aux formations et les sensibiliser au sujet du rôle important des syndicats et des organisations d’employeurs.
Pour en savoir plus
- OIT Mali: Atelier de formation de formateurs sur le développement des coopératives pour l’élimination du travail des enfants au Mali (2021)
- OIT Pakistan: Succès de la formation des formateurs sur la méthodologie SCREAM (2022) (en anglais)
- Page ressources de l’OIT sur la méthodologie SCREAM
- Module SCREAM spécial sur le travail des enfants dans l’agriculture (2016)